D’abord, plantons le décor
Sainte-Croix-Vallée-française, 280 habitants, zone au cœur du Parc National des Cévennes. Le PETR* y soutient les projets en matière de développement économique, d’aménagement et transition écologique. A ce titre, le PETR a sollicité l’Adefpat pour l’accompagnement des membres du Groupement d’Intérêt Économique (GIE) « Plante Infuse » dans la redéfinition de son fonctionnement collectif.
Puis, les actrices en présence
Les membres du GIE. Elles sont les bénéficiaires de l’accompagnement en formation-développement qui a été mis en place d’octobre 2023 à novembre 2024. Elles sont agricultrices, productrices et/ou cueilleuses de plantes aromatiques et médicinales dans les montagnes Cévenoles, jusqu’au Mont-Lozère.
Le Groupement d’Intérêt Economique « Plante Infuse » a été créé en 1989. L’activité initiale de cueillette s’est progressivement ouverte à la culture et la transformation pour des productions de cosmétiques, tisanes, huiles essentielles, eaux florales et hydrolats. Toutes les plantes sont cultivées biologiquement, dans le respect du cahier des charges du syndicat des SIMPLES.
Le prologue, en quelques lignes
L’atelier-boutique, bâti dans les années 2000, comprend un atelier de distillation de plantes aromatiques et médicinales, une herboristerie, un atelier de fabrication de cosmétiques et une boutique. A ce jour, le GIE compte 8 membres et une salariée à temps partiel. Le principe fondateur est basé sur l’apport de la matière brute par chaque membre (fleurs et plantes séchées). La transformation est faite sur place grâce aux équipements mutualisés du GIE au sein de l’atelier.
La commercialisation en circuit court passe par la vente aux particuliers en magasins (réseau de revendeurs), en boutique sur place ainsi que par la vente en ligne par le biais du site internet (avec service de livraison). Elles sont présentes sur quelques foires et marchés localement et font du demi-gros.
Les « événements perturbateurs »
Il n’y pas de poste dédié au suivi et au développement de la commercialisation, ce qui pénalise parfois le GIE qui ne peut répondre à la demande croissante et doit parfois refuser des partenariats. Globalement, le marché des plantes aromatiques et médicinales a beaucoup évolué depuis la création du GIE, il est concurrentiel dans un contexte où le changement climatique questionne et préoccupe quant à la pérennité de l’activité. En cela, le GIE facilite et permet le maintien de l’activité de ses membres. Il est un outil de mutualisation précieux pour la valorisation et la commercialisation des productions. C’est aussi un lieu de créativité, de création de savoirs et de transmission de connaissances, par la formation, l’auto-formation, l’accueil de stagiaires…
Les mouvements au sein du groupement sont réguliers depuis sa création, avec l’arrivée ou le départ de membres. Cela pose de nombreuses questions quant aux règles de fonctionnement, notamment concernant les conditions d’intégration dans le collectif, ou de sortie. En cela, une remise à plat de l’organisation collective et du fonctionnement administratif est aujourd’hui essentielle et déterminante pour assurer le meilleur avenir au GIE.
Individuellement, les membres du GIE maîtrisent leurs activités de cueillette, de production et de transformation. En revanche, elles ont exprimé le besoin d’être accompagnées pour mener une réflexion globale sur leur fonctionnement en collectif : faut-il réécrire ou changer les statuts du GIE ? Comment réorganiser le fonctionnement du collectif ? Comment sécuriser les entrées et sorties des membres sans mettre en péril le collectif ? Comment assurer une juste rémunération des membres après transformation ? Quel modèle économique privilégier pour rester en phase avec les valeurs coopératives ? Quel développement partenarial et commercial ?
Un scénario qui se termine bien, et qui appelle un tome 2 !
L’accompagnement en formation-développement proposé par l’Adefpat avait donc de nombreux objectifs : redéfinir collectivement l’utilité sociale du GIE, ses valeurs et le sens partagés, étudier et décider des opportunités de changement de statut (SCOP*, SCIC*…), définir une nouvelle gouvernance et organisation interne, (fonctionnement du collectif, mode de prise de décision, mutualisation, engagements des membres entrants et sortants…), définir un modèle économique permettant la juste rémunération des membres (politique tarifaire, coûts de productions et de transformation, ressources…).
Les membres du GIE ont mené un travail colossal pour revenir aux fondamentaux de leurs valeurs communes, au sens qu’elles veulent donner à leur action collective. Une réorganisation interne, des outils partagés, une révision des statuts et la création d’un règlement intérieur leur permettent aujourd’hui de voir un avenir plus serein pour cet outil de travail mutualisé et aujourd’hui pérennisé.
*PETR : Pôle d’Equilibre Territorial Rural
*SCOP : Société COopérative de Production
*SCIC : Société Coopérative d’Intérêt Collectif
Accompagné par Marine Teissier-du-Cros
En partenariat avec le PETR Sud-Lozère
Financé par la Région Occitanie et l’Union Européenne