Saint-Alban-sur-Limagnole se trouve en Lozère, sur le versant ouest de la Margeride, au cœur du PETR Gévaudan-Lozère.
L’économie locale s’appuie sur le tourisme, sur de nombreuses PME
artisanales et commerciales et sur le secteur sanitaire et social,
premier employeur du territoire, avec l’accueil de personnes handicapées
en institutions spécialisées.
L’Hôpital psychiatrique de Saint-Alban-sur-Limagnole tient une place à part et étonnante dans l’histoire locale.
Alors, une fois n’est pas coutume, je vous raconte l’Histoire
incroyable de ce lieu, avant de vous raconter l’Histoire (tout aussi
incroyable) de l’accompagnement Adefpat qui s’y est déroulé !
[En 1821, le château médiéval est vendu à un religieux qui y
accueille et soigne les aliénés du département. Rapidement trop petit,
de nombreux bâtiments sont construits pour accueillir les patients. A
partir de 1940, François Tosquelles, psychiatre espagnol, transformera
progressivement l’hôpital en un lieu ouvert : les patients travaillent
aux champs auprès des agriculteurs, l’hôpital devient un lieu d’appui
pour les opérations de la Résistance locale et de refuge pour les
intellectuels fuyant l’oppression, on ouvre la structure, on tombe les
murs, et les patients se mêlent aux habitants du village qui apprennent à
vivre avec eux. Le lien entre le village et l’hôpital est fort. Avec
son développement et la venue de personnalités intellectuelles,
l’hôpital a révolutionné la vie des habitants.
Des techniques de soin inédites voient le jour, les corps de métiers
se croisent dans l’enceinte de l’hôpital : infirmiers, éducateurs,
blanchisseurs, électriciens, maçons. Les fêtes, le carnaval et les
manifestations sportives, sont autant d’événements auxquels se mêlent
patients et habitants. François Tosquelles pose là les bases de la
psychiatrie moderne à travers la « psychothérapie institutionnelle ». Il
soigne par le lieu. Ces concepts novateurs seront repris dans la grande
majorité des établissements de santé mentale, en France et dans le
monde.]
Le site hospitalier François Tosquelles (dont vous connaissez bien
l’Histoire car vous avez tout lu, si si bien sûr !) dispose d’une
vingtaine de bâtiments, occupés ou vacants, plus ou moins anciens,
proposant tous une qualité architecturale remarquable : le Château
classé, ses deux ailes et la cour, la Chapelle (inscrite), le Cimetière
des Fous (inscrit), le bâtiment administratif (inscrit), l’ancien
bâtiment qui accueillait la morgue, une école d’infirmière, les
pavillons des syndicats, le restaurant du personnel, des villas
inoccupées, 4 pavillons des années 60, la buanderie et la chaufferie, un
service de gérontologie psychiatrique …
Le site du Villaret compte un centre de vacances pour personnes en
situation de handicap, l’ancienne ferme de l’hôpital, l’ancienne
imprimerie, une serre chauffée et une ancienne école.
Certains projets sont en cours :
– l’installation de quatre praticiens de médecine douce,
– l’hôpital porte un projet de création d’une salle d’activités sportives adaptées à la psychiatrie et ouverte aux habitants,
– le Département de la Lozère va acquérir le Château avec pour projet sa valorisation culturelle et patrimoniale (réserves départementales, collection d’Art Brut, ethnologie …).
– Le Château a déjà une vocation touristique et culturelle avec l’accueil d’expositions départementales, il accueille en ses murs l’Office de Tourisme Intercommunal,
– le GR65 « Chemin de Saint-Jacques de Compostelle » passe par le site hospitalier et les nombreux pèlerins et visiteurs sont invités à le traverser.
La commune de Saint-Alban-sur-Limagnole a pour projet de réhabiliter progressivement les bâtiments vacants, en concertation avec toutes les parties prenantes et usagers du lieu : l’Hôpital, la Communauté de Communes, l’Office de Tourisme, le Conseil Départemental. Le potentiel du lieu est exceptionnel et les idées ne manquent pas : potagers et jardins partagés, hébergements permanents, résidence séniors, hébergements touristiques, lieu culturel … Les enjeux sont forts car
le lieu incarne, à lui seul, le territoire sous toutes ses composantes.
C’est pour engager une réflexion collective sur la requalification et l’identité globale du site hospitalier que la commune a sollicité une formation-développement à l’Adefpat et s’entoure d’un groupe de travail, pour co-construire un projet de valorisation cohérent, coordonné et durable. Et ce à travers une démarche participative et une approche par l’expertise d’usage, et suivant la ferme volonté de garder intact l’esprit d’accueil et d’ouverture du lieu, où la circulation reste libre
pour tous.
La réhabilitation d’un tel ensemble pose de nombreuses questions : à quels besoins et usages peuvent répondre ses bâtiments vacants ? quelle mobilité et cheminement pour faciliter et articuler l’accueil des divers usagers ? quelle imbrication des projets, entre valorisation touristique, culturelle et la vie quotidienne d’un site hospitalier si atypique ? quelle coordination des parties prenantes dans la gestion des lieux ? comment s’assurer de l’adhésion des habitants au projet, très
attachés au lieu ?
Après 1 an ½ (quand même !) d’accompagnement, les membres assidus et engagés du groupe de travail ont su dresser un diagnostic partagé des bâtiments, poser les enjeux de développement de la commune, mener une concertation citoyenne pour identifier les besoins des habitants et de futurs porteur.euse.s de projet qui pourraient s’y installer, pensé un cheminement facilité. Ils se sont même projetés dans l’aménagement architectural global grâce à un partenariat resserré avec le CAUE, membre du groupe de travail.
C’est donc peu dire que de nombreux projets sont dans les têtes à Saint-Alban-sur-Limagnole : le château va être restauré, l’OT va déménager, un tiers-lieu se dessine, les associations culturelles y trouveront probablement de nouveaux espaces d’expression et de programmation, … le tout dans l’esprit des lieux, toujours.
Accompagné par Mélodie DALY
Financé par l’Union Européenne (FEADER) et la région Occitanie
En partenariat avec le PETR Gevaudan Lozère