L’année 2021 a signé la fin d’une histoire importante à l’Adefpat : 40 ans de collaboration avec Evelyne Falguière et Alain Stefenel du Cabinet Midi Marketing, les tous premiers consultants-formateurs à avoir démarré l’aventure de la formation-développement au côté de l’Adefpat. Avant de vaquer à leurs nombreuses occupations de jeunes retraités, ils ont bien voulu nous livrer quelques souvenirs et quelques enseignements tirés de ces années passées auprès de l’Adefpat et des porteurs de projet.
Alain, Evelyne… vous avez du en croiser, des porteurs de projet ?
Effectivement, la liste est longue ; d’ailleurs il nous serait plus facile de dire avec quels profils de porteurs de projet et dans quels secteurs nous n’avons pas travaillé. Au cours de ces années, nous avons eu de belles rencontres, nous avons fait des accompagnements dans des lieux de formation improbables. Cependant, les porteurs de projet ont des points communs comme l’envie d’agir par eux-mêmes, l’attachement à un territoire même s’ils n’en sont pas natifs, leur dynamisme même si leurs réussites sont variables.
De façon plus globale, au fil du temps les accompagnements nous ont permis de constater que les profils des porteurs de projet, ainsi que les projets individuels et collectifs reflètent assez bien l’évolution des territoires ruraux ; ils montrent aussi le foisonnement d’initiatives ainsi que la diversité des hommes et des femmes qui font le monde rural.
Qu’est-ce qui vous a amené à travailler si longtemps avec l’Adefpat ?
Ayant créé notre structure, au départ nous avons été sensibles à ce nouveau dispositif que constituait l’Adefpat : accompagner des hommes et des femmes pour qu’ils ouvrent leur propre voie, dessinent (dans le cas présent le terme « dessein» conviendrait mieux) leur propre chemin, et y contribuer par une nouvelle méthode : la formation-développement en partant des acteurs locaux alors que le développement local jusqu’alors était défini à Paris, Toulouse ou Rodez.
Et le partenariat a duré en raison d’une part, de l’humain qui est au centre du dispositif, et d’autre part, de la confiance qui est réciproque entre les conseillers en formation développement, et les porteurs de projet, les consultants-formateurs.
Mais aussi au fil du temps le dispositif est resté ouvert, la procédure s’est professionnalisée, elle doit cependant rester rapide et souple, car le formalisme et l’administratif peuvent prendre le pas sur le fond du projet. Ceci serait dommageable car – alors que dans le domaine de l’accompagnement de porteurs de projet individuel et collectif grâce à un dispositif d’intervention rapide, un réseau étoffé et un éventail de consultants-formateurs expérimentés et adaptés- tous les problèmes peuvent être traités.
L’Adefpat, c’est bien différent des autres missions qu’avait Midi Marketing…
Notre activité principale était celle de consultant d’une part,en marketing et stratégie (diagnostic, étude de faisabilité économique et commerciale…) pour les TPE et PME, d’autre part, en marketing territorial pour les communautés de communes. Au cours de la dernière décennie nous avons souvent travaillé en groupement comprenant : urbaniste, architecte, paysagiste, spécialiste de la mobilité dans le cadre de politiques publiques comme la revitalisation des petites communes, bourgs ruraux ou péri-urbains.
Pour l’activité de formation, nous intervenions dans une école de commerce en master 2 dans le domaine des stratégies d’innovation et en formation continue pour des chambres consulaires sur des stages dédiés à la création d’entreprise.
Nous avons voulu toujours consacrer une part de notre activité à la formation-développement, même si les missions étaient différentes. Cependant l’étude d’un territoire rural ou l’étude d’un marché apporte une vision complémentaire au porteurs de projet utile pour certains accompagnements.
Le marketing pour des porteurs de projet en milieu rural, ça peut paraître théorique non ?
Le marketing peut être théorique et jargonneux (l’inbound marketing, le content marketing, le geomarketing…). Il regroupe des méthodes et des outils que l’on peut transmettre en faisant preuve de pédagogie . Si le porteur de projet quelque soit le milieu rural, urbain est curieux et rigoureux, s’il s’intéresse aux autres, prend en compte les besoins des consommateurs dans le cas d’une entreprise ou des citoyens pour un projet public ; le marketing lui permet de mieux concevoir son produit/service, l’aide à accéder à son marché…
C’est un outil d’aide à la décision pour un chef d’entreprise comme pour un élu, et comme tout outil, c’est encore pour l’instant l’humain qui décide : comment ? dans quelle optique l’utiliser ? de quelle manière cet outil contribue à faire vivre ses valeurs ?.
Que trouvez-vous de singulier à l’Adefpat ?
Dans les années 80, c’était de participer à une démarche qui était pionnière dans l’état d’esprit comme dans la méthode. Ce ne fut pas forcément facile pour l’Adefpat en interne comme en externe. La collaboration avec les acteurs locaux a parfois mis du temps comme la reconnaissance par certaines institutions. Les projets accompagnés pouvaient être des projets que des structures institutionnelles ne souhaitaient pas forcément soutenir, et c’est justement ce qui fut intéressant, même si les fortunes furent diverses. Le dispositif et la démarche étaient les bons.
Aujourd’hui, avec près de 40 ans de recul, la méthode et les réponses se révèlent pertinentes et sont même perçues comme des approches indispensables : proximité, développement local, innovation sociale, privé/public…
S’il y a un intérêt et une singularité dans l’Adefpat, c’est qu’elle puisse conserver la capacité à prendre des risques, à soutenir des projets qui ne sont pas conventionnels, à sortir des sentiers battus, à rester pionnière, d’autant plus avec les mutations et transitions actuelles… Le chantier est vaste.