Plus de 400 projets alimentaires territoriaux (PAT) ont été lancés à ce jour, couvrant environ deux tiers du territoire national. Ces démarches offrent un cadre stratégique et fédérateur aux acteurs d’un territoire mobilisés sur la question de l’alimentation, contribuant à la prise en compte des objectifs du Programme National pour l’Alimentation (PNA) et de la Stratégie Nationale Alimentation Climat (SNANC) à venir. Les PAT ont vocation à mettre en cohérence l’ensemble des démarches agricoles et alimentaires locales qui répondent aux défis sociaux, environnementaux, économiques et de santé.
Mais comment mesurer leurs effets sur la transformation des systèmes alimentaires et agricoles ? Bien que les retours d’expériences soient encore récents et malgré la grande hétérogénéité des PAT en termes de champs couverts et d’objectifs poursuivis, l’ADEME a produit une étude abordant la question de l’évaluation des PAT, qui s’intitule « Actions et projets inspirants pour nourrir mon projet alimentaire territorial ». Les dynamiques engendrées sur les territoires ne se mesurent pas simplement avec des données chiffrées ; les actions mises en place produisent des effets sur un temps relativement long.
Ainsi, l’étude de l’Ademe vise d’une part à partager des démarches exemplaires et des actions inspirantes qui, même si elles n’ont pas fait l’objet d’une évaluation « méthodologique », ont permis des avancées concernant la transition agricole et alimentaire des territoires. D’autre part, elle identifie les méthodes et outils disponibles pour réaliser l’évaluation d’un PAT, mettant en exergue les conditions de réussite.
Une démarche de PAT peut s’évaluer en fonction de 4 apports :
– Légitimer la place de l’alimentation dans le spectre des politiques publiques territoriales. Trouver et donner des moyens pour un changement d’échelle, en accompagnant les initiatives locales.
– Poser un cadré défini, assumé et partagé, qui vise un changement vers une meilleure durabilité du système alimentaire, et le doter de moyens (humains et financiers) pour assurer ses objectifs.
– Mettre autour de la table des acteurs qui n’ont pas l’habitude de collaborer, pour agir sur toute la chaine alimentaire et dépasser les clivages.
– Agir de manière systémique dans tous les champs de l’alimentation (économie, environnement, social, culturel, santé…), pour atteindre le maximum de résultats et dépasser le fonctionnement en silo.
L’étude de l’Ademe référence de nombreuses méthodes d’évaluation et de retours d’expériences de territoires en métropole, agglomération ou en milieu très rural.
L’Adefpat a eu l’occasion d’accompagner plusieurs territoire dans la définition ou la mise en oeuvre de leur PAT. Dans le nord du département du Lot, la Communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne a décidé en septembre 2017 d’élaborer un PAT, consciente de sa richesse et de sa diversité en matière agricole et agroalimentaire, mais aussi de la fragilité de ce secteur et de la potentialité de développement qu’il peut en ressortir.
Un diagnostic agricole et alimentaire a permis de faire émerger trois grands enjeux :
• Maintenir et renouveler les exploitations agricoles, développer des circuits de proximité ;
• Assurer une restauration collective de qualité avec une part grandissante de produits locaux ;
• Sensibiliser habitants et visiteurs à une alimentation locale de qualité.
Afin que ces enjeux soient appropriés, discutés et partagés, les acteurs du territoire ont été accompagnés par l’Adefpat pour construire collectivement une stratégie alimentaire dotée d’un plan d’actions devant être profitable au plus grand nombre.
Après 5 ans d’actions, c’est le moment d’une première évaluation du PAT, avec mise en place d’une enquête sur les pratiques alimentaires des habitants du territoire. L’objectif est de mieux comprendre les pratiques alimentaires, de recueillir les avis, les ressentis et les satisfactions, pour que les futurs projets soient parfaitement adaptés à la réalité du quotidien et au vécu de la population.